Nos vœux pour 2013 : la révolte contre la résignation !
Le mot « crise » est employé à tort et à travers, un exemple de la confusion médiatique. Mais il y a bien une situation de déflation : déflation salariale généralisée, récession dans certains pays européens, taux de croissance zéro ou quasi nuls dans d’autres. Depuis la crise bancaire de l’automne 2008, la classe dirigeante et possédante –c’est souvent la même- a compensé son entreprise de sauvetage du monde financier privé par une politique visant à reporter sur les couches les plus nombreuses et les moins favorisées (y compris une partie de la classe moyenne) la charge d’un endettement public devenant effectivement insupportable.
Augmentation du chômage, réduction sévère de la redistribution du revenu par la Sécurité sociale, choix dûment médité de la récession, en calculant qu’elle restera « supportable », tel est le sens à peine dissimulé d’une politique qui va se poursuivre en 2013, et qui est pourtant réprouvée maintenant par une majorité d’économistes.
Cette politique broie des vies, réduit des gens au désespoir, enlève à la jeunesse toute perspective d’avenir meilleur. En Grèce, en Espagne, elle a entraîné davantage de suicides ou d’actes extrêmes. Elle entraîne une partie de l’opinion vers des « solutions » nationalistes et xénophobes. Sur ce point, le message royal de Noël était justifié, et on en connaît l’inspirateur.
Avant tout, il faut combattre l’esprit de résignation, le fatalisme, le discours « Qu’est ce qu’on peut y changer ? ».
Les manifestations de masse qui ont secoué la Grèce, l’Espagne, le Portugal, sont encore insuffisantes pour renverser le cours des choses. Les directions syndicales doivent passer d’un discours défensif à un discours offensif, et c’est sans doute de la base de ces organisations syndicales, et des collectifs « indignés », que peuvent se développer les initiatives nécessaires pour entraîner de plus vastes foules, à force d’injustices ressenties.
Les mensonges de la Voix Officielle
Entendons par là le ton dominant des médias, la « ligne éditoriale ». Des journaux qu’on disait de référence, comme « Le Soir » en Belgique, « Le Monde » en France, deviennent de plus en plus des piliers de la pensée unique. Non qu’on ne puisse y trouver des analyses critiques, mais elles sont noyées dans cette sorte de ton général, « Il n’y a pas moyen de faire autrement ». Menacés d’ailleurs dans leur existence même et forcés de se dédoubler par le numérique, ils ne peuvent se permettre la contestation.
Plus les mauvaises nouvelles tombent (Mais la Bourse s’est bien portée en 2012, cela doit faire plaisir aux ouvriers de Ford Genk ou d’Arcelor Mittal), plus la Voix Officielle susurre : « Vous voyez bien ? ». Les gens ont peur, rentrent la tête dans les épaules, tournent leurs regards ailleurs. La Voix Officielle répand de vagues illusions, le salut viendra des Etats-Unis ou de la Chine, il y aura bien une reprise économique miracle généralisée. Mais le système capitaliste ne résoudra ses contradictions avec le gaz de schiste ou avec le smartphone.
L’an prochain en 2014
Et puisque l’on parle conformisme et mensonges historiques, allons au devant d’un centenaire : celui, dans un an et demi, de la guerre 14-18. On ne nous fera pas le coup de la « réconciliation entre les peuples » sous l’égide de cette Europe là, ni du patriotisme traditionnel. La vraie gauche rappellera ce que fut cette boucherie de quatre ans commise par les impérialismes de l’époque, la faillite honteuse de la Deuxième Internationale face à la guerre. Elle ressortira le drapeau de Zimmerwald pour l’occasion.
Robert Falony