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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 15:49

Jacques Généreux est un intellectuel de gauche au vrai sens du terme. Il est un intellectuel : il est à la fois politologue et économiste et enseigne à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEP). Il est de gauche : Généreux fut un militant actif de l’aile gauche du PS français qu’il quitta en 1999, en désaccord complet avec l’évolution politique « néolibérale » de ce Parti. Il ne put accepter le propos de Lionel Jospin « l’Etat ne peut pas tout ». Propos qu’il considéra comme une capitulation à l’égard de l’offensive néolibérale. Généreux a rejoint le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et en est le principal conseiller économique.

 

jacques-genereux.jpg

 

Il vient de commettre un livre – « La grande régression », Seuil, 2010, prix 19.90 Euros – qui , à mon sens, servira de base à une nécessaire réflexion pour une renaissance de la Gauche, de la vraie Gauche.

 

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cet ouvrage n’est pas pessimiste. Lisez-le. Il est un message d’espoir et un appel au combat. Généreux fait renaître l’idée que « l’on » a voulu faire ringarde : le progrès.

 

Bonne lecture.

 

En voici quelques extraits.

 

PV

Les intertitres sont de la rédaction

 

La génération du progrès

 

Durant les vingt premières années de ma vie, j’ai grandi dans un monde où le destin des enfants semblait naturellement devoir être plus heureux que celui de leurs parents ; au cours des trente suivantes, j’ai vu mourir la promesse d’un monde meilleur. En une génération, la quasi-certitude d’un progrès s’est peu à peu effacée devant l’évidence d’une régression sociale, écologique, morale et politique, la «Grande Régression» qu’il est temps de nommer et de se représenter pour pouvoir la combattre.

Car la première force des malades et des prédateurs qui orchestrent cette tragédie est leur capacité à présenter celle-ci comme le nouveau visage du progrès. Et leur première alliée, c’est la perméabilité des esprits stressés, trop heureux de s’accrocher à n’importe quelle fable qui fasse baisser d’un cran la pression et l’angoisse. À l’âge de la démocratie d’opinion, les réactionnaires ne peuvent se contenter de démolir l’acquis des luttes passées en faveur d’une vie meilleure pour tous; il leur faut aussi anesthésier les résistances, susciter l’adhésion ou la résignation de leurs victimes; ils doivent remporter une bataille culturelle dont l’enjeu est de nous faire aimer la décadence.

 

La civilisation, c’est le progrès.

 

On peut bien préserver tous les autres traits apparents de la civilisation, mais si l’on perd le désir et la capacité de faire progresser l’égalité, la solidarité et la convivialité entre les hommes, la plus avancée des sociétés peut sombrer dans la barbarie; telle est la leçon du xxe siècle, où l’on vit des peuples – ô combien brillants par leur culture! – s’abîmer dans l’horreur totalitaire. La leçon peut se résumer ainsi : entre les êtres humains, le seul progrès qui compte vraiment, c’est le progrès social, au sens le plus large du terme, c’est-à-dire l’extension de leur capacité à faire société, à vivre bien avec autrui et tous ensemble. Sans ce dernier, le progrès des connaissances et des techniques ne protège aucune civilisation contre une régression et, pire encore, il peut servir à sa destruction. Quand les humains perdent de vue la priorité qui a présidé au processus même de l’hominisation – la constitution et le renforcement de leur alliance – et s’adonnent au culte de l’accumulation et de la compétition, alors l’essor de leurs techniques n’étend plus que leur capacité à se combattre et à épuiser leur Terre. Ainsi meurent les civilisations, par la guerre ou par la destruction de leur écosystème.

 

Le capitalisme n’est pas la panacée.

 

Contrairement au discours convenu, la prospérité et les progrès sociaux accomplis durant les Trente Glorieuses ne manifestèrent en rien la prétendue supériorité du capitalisme et de l’économie de marché. Ils manifestèrent au contraire tout ce qu’une société peut gagner à s’éloigner autant qu’elle le peut du capitalisme et de l’économie de marché.

 

Il n’y a pas encore d’opposition politique.

Telle est précisément la situation paradoxale de la Grande Régression dans des sociétés prétendument démocratiques : tandis qu’une minorité semble profiter outrageusement d’une dynamique destructrice pour la vie du plus grand nombre, aucune force politique majoritaire n’émerge pour imposer une autre voie !

 

De l’Etat social à l’Etat gendarme

 

De grandes « démocraties » occidentales ont ainsi engagé leur régression vers un État gendarme qui enferme au lieu d’éduquer, qui lamine les libertés publiques au lieu de les protéger et qui, pour finir et au nom de la «sécurité», rend La régression sociale, morale et politique lui-même la société plus « insécure » et plus violente. Il faudrait ajouter : plus injuste et donc plus illégitime, car la «tolérance zéro» contre les infractions à la loi ne s’applique qu’aux simples citoyens et aux pauvres, lesquels ont vite fait de la rapporter à la tolérance maximale dont jouissent les patrons qui violent la législation du travail ou les spéculateurs qui ruinent l’économie nationale.

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