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2 février 2017 4 02 /02 /février /2017 09:35

 

 

 

Obsessions identitaires et nationalisme rétrograde

 

 

 

Le 28 octobre 1962, une majorité de 62% acceptait lors d'un referendum la grande réforme du général De Gaulle: l'élection directe du président de la République comme chef de l'Etat. Cette réforme avait été combattue vigoureusement par la gauche. Mais lorsque celle-ci accéda au pouvoir en 1981, Mitterrand se garda bien de la remettre en question, ni même de cerner la fonction dans un sens restrictif. Or dans un tel système, le président est un chef de parti, non un arbitre. Et dans un pays aussi centralisé que la France, et avec de fâcheux précédents historiques ( 1848-1851...) la recherche du meilleur président possible s'apparenta vite à la quête de l'homme providentiel, celui qui sommeille toujours dans l'esprit des masses.

 

L'introuvable Sixième République

 

La gauche a tellement bien oublié son ancienne opposition de principe qu'elle participe joyeusement à cette course à l'Elysée qui semble résumer toute la vie politique française. La Sixième République, qui fut un temps celle de Montebourg, s'est avérée introuvable. Et tout le monde est dans la course: de Marine Le Pen, qui est à peu près certaine de figurer au second tour, à Mélenchon l'insoumis, en passant par Emmanuel Macron, cet objet volant non identifié qui est sans doute le dernier avatar de l'homme providentiel.

 

La multiplicité des candidatures a pour conséquence la fragmentation des suffrages. C'est ainsi que Jospin fut éliminé du second tour en 2002,situation qui risque fort de se reproduire cette année au détriment du PS. Entre la deuxième et la troisième place, la compétition s'apparente au jeu du loto.

 

L'homme providentiel aux Etats Unis...

 

Aux Etats Unis, l'homme providentiel a pris l'image de Donald Trump, formaté par le matraquage médiatique. Le personnage est dépourvu de tout scrupule par rapport à la vérité des faits, il a même introduit le terme "Post-vérité" dans le vocabulaire politique. Son idéologie ambigüe flatte le nationalisme rétrograde et l'obsession identitaire qui caractérisent notre époque. Il y a du sous-entendu dans ses discours, ses propos doivent se lire en filigrane."L'Amérique d'abord" par opposition au reste du monde? Le retour à l'isolationnisme des années 1920 ?

 

Trump ne fera pas rejaillir ces centaines de milliers d'emplois industriels détruits par la mondialisation capitaliste, mais il incarne une nostalgie qui a cours aussi dans le monde syndical, également hostile aux grands traités commerciaux à dimension intercontinentale. Son "protectionnisme" interroge la gauche, qui pourrait dire en écho: "Fabriquons européen, consommons européen".

 

Pas d'illusions cependant: le milliardaire de l'immobilier n'est pas à la manoeuvre contre les entreprises multinationales. Il annonce même de la dérèglementation. Derrière sa singularité, il est simplement l'homme du parti Républicain dominé par les éléments les plus conservateurs.

 

Face au Mexique...

 

La longue frontière entre les Etats Unis et le Mexique n'est pas une passoire, mais elle a ses failles utilisées par les narcotrafiquants et les passeurs. Toute la misère de l'Amérique latine conflue vers le nord, vers l'eldorado... Nous vivons le temps du repli sur soi, nationaliste et identitaire. Le temps des murs de séparation, que ne disait-on pas pourtant du mur de Berlin? Celui que veut édifier Trump sera peut-être haut, mais il ne fera que masquer les problèmes.

 

 

 

Robert Falony

 

 

 

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6 janvier 2017 5 06 /01 /janvier /2017 20:11

 

 

 

Un axe Trump-Poutine, contre la démocratie ?

 

 

S'il est une interprétation à donner de l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, c'est bien celle-ci: il ne suffit plus à la haute finance d'exercer le pouvoir au travers d'hommes politiques, elle préfère s'en saisir directement: c'est le patron d'Exxon Mobil, Rex Tillerson, qui devient secrétaire d'Etat et va diriger la politique extérieure des Etats-Unis. Le Trésor échoit à un ancien de la célèbre banque d'affaires Goldman Sachs, et le Commerce à un bonhomme surnommé "le roi de la faillite". Ce ne sont là que trois exemples parmi tant d'autres. On voit surgir au premier plan des généraux à la retraite dans leur uniforme à la naphtaline, des gens qui n'ont jamais exercé la moindre responsabilité politique, ni été élus à quoi que ce soit. C'est un gouvernement de milliardaires, avec une forte représentation du secteur pétrolier, fortement hostile à toute préoccupation climatique. Non un gouvernement du parti Républicain, mais de l'aile droite du parti Républicain.

 

 

 

 

En nombre de voix, Trump a été devancé par Hillary Clinton, celle qui devait perdre. Mais, dans un système électoral basé sur un fédéralisme issu tout droit du dix-huitième siècle, ce détail est sans importance...

 

 

 

Dans le monde politique, la vérité est souvent travestie, mais avec Trump, c'est autre chose: plus un mensonge est énorme, plus il est asséné avec aplomb. C'est le mensonge entré dans l'ordre institutionnel.

 

 

 

Un courant de sympathie...

 

 

 

Qu'un courant de sympathie se soit manifesté entre le milliardaire américain et le maître de la Russie n'a rien de surprenant. Poutine vient en renfort à toute l'extrême droite occidentale, il ne faut pas que les idéaux démocratiques viennent polluer les masses russes. On peut suspecter "un nouvel Yalta" ou invoquer la géopolitique, en opposant les Etats-Unis à la Chine. La vérité est beaucoup plus simple: l'un et l'autre trouvent le même intérêt à anesthésier les masses, et à laisser ces arriérés d'Européens en proie à leurs scrupules démocratiques ...

 

 

 

Mais il faut se souvenir que la politique conduite à l'égard de la Russie après 1989 a fortement contribué à faire renaître le nationalisme russe. Il ne fallait pas faire avancer l'Otan vers l'est. Contester l'annexion de la Crimée, historiquement russe, est futile. Et l'Ukraine fait partie d'un espace postsoviétique et n'a pas vocation à adhérer à l'Union européenne.

 

 

 

Un centenaire à méditer...

 

 

 

En cette année 2017 qui s'ouvre, il faudra méditer sur le sens qu'avait la Révolution russe. Tôt dévoyée, elle représentait un immense espoir. Et même sous la forme dégénérée du régime stalinien, puis de la glaciation à la Brejnev, sous le régime de la bureaucratie et de la nomenklatura, le bloc soviétique représentait quand même un contrepoids au capitalisme aujourd'hui mondialisé. Mais, dans une Russie sans tradition démocratique, sans révolution antérieure portant la bourgeoisie au pouvoir, l'espoir de 1917 ne pouvait qu'être rapidement étouffé, "les conditions du laboratoire n'étaient pas adéquates".

 

 

 

La signature d'Obama face à la droite israélienne

 

 

 

Cette fin décembre a été marquée par un évènement remarquable: Washington s'est abstenu, et c'est la signature finale d'Obama, d'opposer le veto américain à une résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU réprouvant la colonisation israélienne dans les territoires occupés. (Les chroniqueurs pourraient en passant s'interroger sur le droit de veto...). Grosse colère de Netanyahou...

 

 

 

Robert Falony

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6 décembre 2016 2 06 /12 /décembre /2016 10:19

 

 

 

Avec Trump, un monde encore plus dangereux

 

L'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a fait l'effet d'un coup de tonnerre mondial. Elle a pu être interprétée comme un nouveau signe de ce glissement "A droite, toute!" de la classe moyenne, affolée par une mondialisation déstabilisante, par l'irruption croissante des migrants, par l'opacité de l'avenir. Quelques mots sur le personnage: Trump est un caméléon, dont la seule idéologie est l'intérêt personnel. Il représente un secteur atypique du capitalisme, celui des hôtels et des casinos, un milieu d'affairistes et de spéculateurs. La gauche européenne peut s'interroger sur son protectionnisme affiché, son hostilité verbale  envers les traités de commerce internationaux: la pratique de la future présidence dira ce qu'il faut en retenir.

 

Migrants: le boomerang

 

Nous vivons une ère de grande migration, c'est un constat. Si la route des Balkans, hérissée de frontières, s'est fermée, la voie de passage centrale conduit maintenant par la mer de la Libye à l'Italie. Au prix d'innombrables noyades, dont la maffia des passeurs est largement responsable. Beaucoup de dirigeants européens, sans le proclamer, "regrettent" Kadhafi...

Il y a une réflexion centrale à méditer sur cette situation: elle signe l'échec final de "l'aide au développement" des pays africains. Un demi-siècle de cette aide misérablement chiffrée - 0,7 % du PNB, niveau jamais atteint?- a donc abouti à cette catastrophe: le seul espoir d'une vie meilleure pour des millions d'Africains réside dans la fuite en Europe, loin du Mali, du Soudan, de l'Erythrée... Cette "aide", détournée par des entreprises toujours avides de réaliser des profits, n'a pas abouti à fixer les populations dans un cadre de vie acceptable, en particulier pour le monde rural.

 

 La crise des migrants nous revient donc comme un boomerang. Certes, des "élites" corrompues, des potentats accroché au pouvoir à vie, avec leurs élections truquées, en sont responsables. Mais les capitales européennes se sont si bien accommodées  de ces pratiques, en Belgique d'un Mobutu hier, d'un Kabila aujourd'hui !

 

Un désastre total: la Syrie. Que pouvait-on faire ?

 

Au Moyen-Orient, le cas syrien est de loin le plus tragique. Le peuple syrien est d'abord la victime d'une dictature à base clanique, qui se perpétue d'Assad père en Assad fils. Mais comment ne pas voir les jeux contradictoires des puissances voisines, de l'Iran, de la Turquie, de la Russie, de l'Arabie saoudite, tandis que l'influence déclinante des Etats-Unis achève de brouiller les cartes ?

 

Pour analyser le cas syrien sur la scène internationale, il est opportun de se référer au précédent de la Libye. Au départ, il y eut le soulèvement de Benghazi et la menace de terribles représailles face à cette insurrection. Des débats du Conseil de Sécurité, il résulta un droit d'intervention que les Occidentaux ont interprété comme celui de renverser Kadhafi. Ce glissement radical a indisposé la Russie et explique en partie le soutien que Moscou accorde au régime syrien, confronté à une rébellion à plusieurs visages,  dont l'islamiste.

 

Pour que le "devoir d'ingérence" ne se transforme pas en ingérence guerrière de type impérialiste, avec en Libye la conséquence que le pouvoir central y a disparu et que des milices rivales y font la loi, existe-t-il un moyen terme? Peut-on le trouver dans la zone d'exclusion aérienne, interdisant à un  régime oppressif d'utiliser son aviation contre les villes et populations rebelles ?

 

 

                                                                                             

Robert Falony

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6 novembre 2016 7 06 /11 /novembre /2016 21:26

 

 

 

L'imposture du libre échange...

 

Le débat autour du traité "Ceta" avec le Canada ranime celui relatif au "libre échange" en général. On peut convenir que, dans l'Histoire du capitalisme, le libre échange a représenté une étape de progrès, par rapport aux octrois et aux murs douaniers. Mais ce qui était vrai au dix-neuvième siècle doit être sérieusement repensé au vingt et unième.

 

Tout d'abord, les parties prenantes doivent être égales. Ce n'est évidemment pas le cas entre un petit fermier européen et une société d'agrobusiness outre Atlantique. Si le libre échange n'est pas régulé, encadré, il ne fait que consacrer la loi du plus fort. Des normes sociales et environnementales doivent être prises en compte. Ensuite, il y a une dimension écologique: les entreprises de transport  pèsent trop lourd dans ce débat. Transporter loin  ce qui peut être produit et consommé ici relève du non-sens. Le coût écologique doit être évalué rigoureusement,  dans un monde livré à un mercantilisme sans frein, qui ignore la dégradation climatique et l'épuisement des ressources naturelles.

 

La résistance d'un Etat-région...

 

Le traité dit de libre échange avec le Canada n'est que l'avant-garde de celui avec les Etats-Unis dont rêvent les ultras du libéralisme, les serviteurs dévoués des sociétés multinationales. Il a suscité une résistance qui, pour la première fois, a débordé des traditionnels milieux consuméristes et activistes de gauche pour s'incarner dans ce petit Etat-région qu'est la Wallonie, en la personne  de Paul Magnette, d'ailleurs soutenu par tous les partis wallons à l'exception du MR. Une résistance dont l'écho s'est propagé dans toute l'Europe. Le débat est pour la première fois devenu public, au lieu d'être réservé aux "experts" à la solde.

 

 Les Michel et consort y ont fait pâle figure. Et s'il est vrai que pas une virgule du traité n'a été modifiée, la déclaration interprétative qui l'escorte rend un son de cloche nouveau. Le"Ceta" a été pour le moins amendé, en vue de préserver et le service public, et la sécurité sociale. La FGTB, le 27 octobre, ne disait pas autre chose. Par ailleurs, toute l'affaire est entourée de tant d'incertitudes juridiques qu'elle fait songer à un vrai fromage de gruyère... La question des tribunaux d'arbitrage -de leur nature- reste entièrement ouverte. 

 

Pour une protection européenne face à la Chine

 

Le plus grand scandale en la matière a d'autres  dimensions. L'Union européenne est incapable de se protéger face au dumping pratiqué par la Chine, pays à bas salaires. Dans un secteur clé comme celui des panneaux solaires, elle n'a pas défendu ses positions. Pour citer Arnaud Montebourg, qui dénonce le traité "Ceta" comme "anachronique face à la prise de conscience des consommateurs: "Mettre en concurrence directe des centaines de millions de travailleurs sous-payés avec les classes ouvrières européennes, protégées par deux siècles de lutte, est absurde". Et dangereux pour l'idée européenne, puisque cela rejette les masses dupées par "cette Europe là" dans le camp des nationalismes étriqués. Il n'y a pas de "mondialisation heureuse", il n'y a qu'une mondialisation capitaliste désastreuse. Les barrières contre le dumping salarial -chinois en particulier- doivent être maintenues. Et il faut rejeter des "tribunaux d'arbitrage" soumis à l'influence des sociétés multinationales.

 

                                                                 ***

 

L'opposition au libre échange intégral rejoint le combat écologique: l'idéologie d'un productivisme sans limites, aux seules fins du profit, conduit à l'épuisement des ressources de la planète, à la dégradation de la qualité de vie, à la disparition des espèces.

 

 

 

Robert Falony

 

           

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3 octobre 2016 1 03 /10 /octobre /2016 10:37

 

 

 

Les défaites de la démocratie

 

 

La démocratie- précisons bien la démocratie bourgeoise, d'essence libérale- est partout en recul. Le grand capital et les sociétés multinationales poursuivent méthodiquement la réduction et le démantèlement de la puissance publique, c'est même le but essentiel de ces traités dits de libre-échange qui vont jusqu'à vouloir soumettre les conflits d'intérêts à des juridictions nouvelles prétendument indépendantes. Il n'y a pas de libre-échange entre parties inégales, il ne doit pas y avoir de libre échange sans normes sociales et environnementales.

 

 

Périodiquement, la presse internationale soulève un lièvre de paradis fiscaux, de montages "offshore" mirifiques, dernier exemple en date: les Bahamas-Leaks. Mais il ne s'agit pas de dérives, d'abus ! La fraude et l'évasion fiscales sont la norme, elles sont organisées et défendues par la plupart des gouvernements, bien qu'ils s'en défendent. Nombre d'Excellences ont des intérêts personnels à protéger dans ces combines. De temps en temps, il y a une démission, hommage du vice à la vertu. L'affaire Cahuzac en fut une illustration.

 

 

Dans un tel contexte, comment s'étonner des reculs de la démocratie à travers le monde ? En Europe, les mouvements et partis xénophobes progressent partout. Il est plus facile de mettre tout ce qui ne va pas sur le dos des "étrangers" que de s'interroger sur le capitalisme régnant.

 

 

Trump, tel le grand méchant loup...

 

 

Ce malaise qui affecte toute une classe moyenne en voie de déclassement touche tout autant les Etats-Unis que l'Europe. Les médias du monde entier ont trouvé en Donald Trump une figure extraordinaire, une sorte de grand méchant loup planétaire qui satisfait pleinement leur gout pour la sensation. Dans une large mesure, ils ont fabriqué Trump, surdimensionné en tant qu'avatar du parti Républicain. On est prié de croire qu'un milliardaire qui se vante de ne pas payer d'impôts peut symboliser une révolte contre l'ordre établi, représenter les "petits". Quelle dérision! Pour accéder à la rangée des milliardaires, il faut être soit un riche héritier, soit un affairiste de haut vol enrichi par la spéculation boursière, soit un escroc menacé de prison.

 

 

Plus un mensonge est gros, plus il est possible de le présenter comme vérité. C'était la méthode de Goebbels. D'une certaine façon, c'est aussi celle de Trump, qui réussit même à faire oublier les vérifications de ce qu'il affirme.

 

 

Certes, en face de lui, Hillary Clinton personnalise par trop l'establishment libéral démocrate au pouvoir. Elle a intérêt à emprunter à son ex-rival de gauche Bernie Sanders l'essentiel de son discours, à lui donner un contenu de classe, faute de quoi le scrutin du 8 novembre pourrait être plus serré qu'on l'imagine.

 

 

Qu'était-il possible de faire en Syrie ?

 

 

Dans un tel climat de régression, les dictateurs en puissance se gênent de moins en moins dans l'usage de la force et de la violence. La sauvagerie guerrière du tandem Poutine- Assad en Syrie recule les bornes de la barbarie, comme le savent les habitants d'Alep.

 

 

Entre la non-intervention, celle d 'Obama quand en 2013 le régime syrien utilise des armes chimiques contre la population civile, et à l'opposé, le devoir d'ingérence humanitaire, qui a si mal tourné en Libye, existe-t-il un moyen terme ? Il en est peut-être un: c'est la zone d'exclusion aérienne, avec autant que possible l'aval du Conseil de Sécurité s'il n'est pas paralysé par le veto. La zone d'exclusion aérienne est le moyen de priver un régime oppressif de sa capacité à bombarder les populations civiles "rebelles". En 2012-2013, elle aurait pu changer le cours des choses en Syrie. Le rapport des forces, Poutine connaît.

 

 

Robert Falony

L

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7 septembre 2016 3 07 /09 /septembre /2016 16:08

 

 

 

Hillary Clinton, prochaine présidente des Etats-Unis ?

 

 

Le point d'interrogation est imposé par la déontologie... Mais qu'un personnage tel que Donald Trump se soit imposé comme candidat du parti Républicain en dit long sur la dérive de cette formation historique, qui fut le parti de Lincoln! Trump est un bateleur n'ayant jamais exercé de mandat politique, une caricature du populisme, gênante même pour la famille Bush! Qu'il puisse s'identifier au courant protectionniste, qui a le vent en poupe, est le seul élément intéressant. Un milliardaire candidat des "petites gens", voilà qui est à mourir de rire. Et cependant, le malaise de la société est aussi évident aux Etats-Unis qu'en Europe. S'il ne s'agissait que de terrorisme, dans un pays où le commerce des armes, totalement libre, permet de s'en servir comme à une fête foraine! Mais sous toutes les longitudes, l'avenir se présente vaseux, sans promesse. Croissance en berne, taux d'intérêts proches de zéro, petits emplois mal payés... La couche inférieure de la classe moyenne américaine risque de se "trumpiser", face à une candidate qui représente, elle, l’establishment.

 

 

Traits archaïques du système politique américain

 

 

Car les Clinton peuvent difficilement être dissociés de Wall Street, il suffit d'évoquer la présidence de Bill Clinton, qui achève le siècle dernier, pour s'en persuader... C'est l'époque où fut abrogé le Glass Steagall Act de 1933, qui séparait légalement du crédit les activités affairistes !

 

 

Avec l'entrée en scène de Bernie Sanders lors de la campagne pour l'investiture du parti Démocrate, quelque chose avait réellement changé. Le sénateur du Vermont portait les couleurs de la gauche américaine. Il ne l'emporta pas.

 

 

Il aurait pu se présenter à la présidence, mais sans aucune chance d'y parvenir. Le système politique américain n'est pas seulement bipartisan, il est d'abord basé sur les Etats. Le président n'est pas élu directement, mais au second degré par un collège électoral. Le candidat arrivé en tête dans un Etat emporte tous les votes de cet Etat, peu importe par quelle majorité. Il est même arrivé, ainsi en 1888 dans le duel Cleveland-Harrison, qu'un président soit élu avec une minorité du vote populaire !

 

 

Le mode de sélection des candidats découle d'un système archaïque, avec des élections primaires de plusieurs sortes, caucus ouverts ou fermés. Et on sait que les conventions qui les proposent au suffrage ressemblent à des shows à grand spectacle. Un Sanders n'aurait pu aller plus loin sans diviser gravement le parti Démocrate. En pratique, l'élection présidentielle se joue dans un petit nombre d'Etats, ainsi de l'Ohio.

 

 

L'incontournable...

 

 

Hillary Clinton n'est pas une candidate très populaire, mais elle est incontournable. Sa force résiste dans le réservoir de voix dont elle dispose chez les femmes et dans les minorités: les Noirs, les latino-américains, les minorités en général...Tout indique que les dirigeants du parti républicain ont déjà fait leur deuil de la présidence. Ne parlons pas des sondages, dans un pays où il faut se faire enregistrer comme électeur... Rappelons que le Congrès se renouvelle tous les deux ans, mais le Sénat par tiers.

 

 

La supposée future présidente est une politicienne de haut vol, toujours habile à s'adapter aux courants dominants. Elle sait que les traités de libre échange transcontinentaux suscitent toujours plus la critique. Pour ce qui est de la scène internationale, cependant, elle garde une solide réputation d'interventionnisme, et son désaccord avec Obama sur la question syrienne est notoire. Qu'aurait-t-elle fait ?

 

 

 

Robert Falony

 

 

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5 août 2016 5 05 /08 /août /2016 16:06

 

 

 

Turquie, Syrie, Etat islamique: l'ébullition

 

 

Du coup d'Etat qui a failli emporter le régime Erdogan , le 15 juillet, on peut au moins retenir cette évidence: la Turquie ne répond pas aux normes de l'Union européenne et les négociations pour l'y faire entrer ne sont qu'un leurre. (Plus personne n'y croit d'ailleurs). Le soulèvement d'une partie de l'armée n'a pas été anodin, il aurait sans doute réussi si les mutins avaient pu s'emparer de la personne du président, et empêcher son "appel au peuple". Selon un récit, ils l'ont manqué de peu.

 

 

Quel que soit le rôle de la faction Gülen dans l'évènement, il reste que l'armée turque est un foyer de troubles. Il y a eu plusieurs centaines de morts, des bombardements.

 

 

Du bon usage du coup d'Etat

 

 

L'AKP, le parti d'Erdogan, n'est pas seulement un parti islamo-conservateur. C'est devenu un parti d'Etat, ultra nationaliste, visant à l'instauration d'un régime présidentiel autoritaire, dans la glorification du passé ottoman, et en rupture complète avec l'idéologie kémaliste. Erdogan a mis à profit le coup militaire manqué pour procéder à une épuration de masse, non seulement dans l'armée mais dans la magistrature, le corps enseignant, les médias. Des listes de proscription, de toute évidence préétablies, ont été mises à exécution.

 

 

Le régime se caractérise aussi par la mise à contribution intensive de la diaspora turque en Europe, jusqu'à l'indécence, avec le concours de politiciens locaux. (1)

 

 

Qu'on ne parle pas de "démocrature", terme inepte et vide de sens. Aux élections de novembre 2015, l'AKP, en s'en prenant à deux fois et en jouant sur la lassitude, a obtenu près de 50 pour cent des voix, un électeur sur deux. Une base suffisante pour instaurer une quasi dictature. Le Parlement n'est plus un lieu du pouvoir, c'est un élément décoratif. Le principal parti d'opposition, qualifié de pro-kurde, le HDP, a été marginalisé, laminé.

 

 

La question kurde

 

 

L'ancien empire ottoman, "l'homme malade" de l'Europe, était pluriethnique. De sa décomposition, la Turquie kémaliste a conclu à une volonté centralisatrice et unitariste. Pour Erdogan encore davantage que pour ses prédécesseurs, les Kurdes, qui peuplent le sud-est de la Turquie, sont des adversaires avec lesquels on ne négocie pas une solution de type fédératif. Le PKK est classé organisation terroriste presque davantage que l'Etat islamiste. Face à une Syrie en décomposition, à l'abominable régime de la famille Assad, le principal souci d'Ankara est de s'opposer à l'autonomie des Kurdes de Syrie.

 

 

L'Etat islamique est bien un Etat...

 

 

La frontière turque a longtemps été une passoire pour les "djihadistes" en lutte contre le régime de Damas, lequel ne peut s'appuyer que sur la minorité alaouite et druze de la population syrienne. Depuis 2011, ce régime, assisté par Moscou, a refusé tout processus démocratique, et porte une large part de responsabilité dans l'essor de Daech et du califat, d'ailleurs au départ de l'Irak plus que de la Syrie.

 

 

Ce qui distingue Daech des autres composantes de l'islamisme guerrier est moins son idéologie que sa volonté de contrôler un territoire géographiquement délimité, et qui englobe en Irak la seconde ville du pays, Mossoul. L'armée irakienne est bien incapable de reprendre cette cité, moins combative que les Kurdes face au califat.

 

 

Robert Falony

 

 

(1). Parmi les élus belges d'origine turque, le citoyen Emir Kir en est un exemple...

 

 

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20 juillet 2016 3 20 /07 /juillet /2016 10:27

 

 

 

Nice: que "comprendre" ?

 

 

L'attentat de Nice, par son mode opératoire et son moment- en pleine fête du 14 juillet- a suscité plus d'effroi encore que la tuerie du Bataclan et des cafés. Dans la foule des explications, il en est à écarter, pour ce massacre là et les autres. Notre société n'a pas affaire à "quelques fous", ou à des "loups solitaires". Mais il ne faut pas imaginer non plus que tout est machiné dans les repaires de Daech, bien que l'Etat islamique en soit bel et bien un, avec un territoire et un gouvernement, qui englobe en particulier la grande ville de Mossoul.

 

 

Tout se passe comme si l'islamisme guerrier, retenons ces termes, agissait tel un aimant: dans un monde de communication instantanée, plus besoin d'une hiérarchie à l'ancienne. L'aimant agit sur les esprits habités par la haine (Dans une société abominable, il y a des êtres abominables). Le passage à l'acte est facilité par la violence des rapports sociaux. Un mince vernis religieux sert d'alibi, balaie le "Tu ne tueras point" idéologiquement correct. La mondialisation englobe la violence sectaire qui ensanglante le Moyen Orient, et s'exporte en Europe, sans parler des Etats-Unis.

 

 

La formule banalisée "Le risque zéro n'existe pas" ne doit pas conduire au fatalisme. La sécurité dépend avant tout du renseignement, l'étalage de la force publique étant diversement apprécié.

 

 

R.F.

 

 

 

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3 juillet 2016 7 03 /07 /juillet /2016 22:37

 

 

 

Autour du "Brexit": un océan de confusion...

 

 

La question britannique peut être abordée de diverses façons. On peut dire que la construction européenne serait plus solide si, dès le départ, la Grande Bretagne n'en avait pas fait partie. Elle s'est toujours comportée comme voulant faire partie d'un club pour en avoir les avantages sans en subir les obligations. Qu'on se souvienne de Mme Thatcher et de son "I want my money back". Avec David Cameron, cette duplicité a atteint des sommets.

 

 

Les motifs du " Leave" sont multiples et en partie valables. Disons comme la gauche radicale: "Nous ne voulons pas de cette Europe là", celle de Juncker et de Merkel. Mais pas de confusion: les antilibéraux de gauche ne doivent pas se retrouver dans le même camp que les vieux nationalistes. Boris Johnson et Marine Le Pen sont peu crédibles comme adversaires du capitalisme....

 

 

On ne remplacera pas "cette Europe là" en prenant comme point de départ l'Etat nation, la "souveraineté nationale". Il faut d'abord s'affirmer comme fédéraliste européen, ce que sait faire un libéral comme Guy Verhofstadt. Il existait, durant la jeunesse du signataire, un mouvement socialiste pour les Etats-Unis d'Europe... Ce genre de drapeau n'est pas précisément de saison, malgré Syriza ou Podemos...

 

 

En l'absence de tout moteur fédéraliste...

 

 

L'histoire de la construction européenne est celle d'une désastreuse dilution: d'abord l'Europe des Six, puis celle des Quinze, puis, après la catastrophe de 1989 à l'Est, celle des 27. Une Europe plus intergouvernementale que jamais, dont tout moteur fédéraliste est absent. Celle qui convient le mieux à la haute finance et au grand capital. Voyons en quelques vices.

 

 

A coté du Conseil des ministres qui est la machine où se traduisent les rapports de force entre les gouvernements, la Commission européenne, pléthorique avec un commissaire par Etat, est un monstre bureaucratique. Une dizaine de commissaires suffiraient.

 

 

Le Parlement européen devrait être élu selon un système électoral unique, par circonscription. Au lieu de cela, chaque Etat a le sien. L'élection européenne est partout "secondaire", et suscite si peu d'intérêt que le taux d'abstention dans l'Union atteint en moyenne (2014) 43% ...

 

 

D'autres significations...

 

 

Le "Brexit" a aussi d'autres significations. La peur d'une immigration de masse suscite partout la montée de l'extrême-droite. De l'année 2015, les gens retiennent le spectacle de ces multitudes de réfugiés ou de migrants forçant le "route des Balkans" -maintenant fermée- comme s'il s'agissait des Visigoths ou des Vandales déferlant sur l'empire romain. Disproportion entre la réalité des chiffres et l'effet sur l'opinion.

 

 

On doit encore constater l'érosion qui menace les partis traditionnels, l'émergence de forces politiques nouvelles, parfois obscures, comme en Italie le mouvement Cinq étoiles de Grillo, prétendant à une pseudo démocratie via Internet. L'Autriche a failli élire un président d'extrême-droite. La CDU allemande est menacée sur sa droite.

 

 

En Espagne, le succès de Podemos a été plus évident lors de l'élection de septembre qu'avec celle qui vient d'avoir lieu, preuve s'il en est qu'il ne faut pas ignorer la lassitude du corps électoral. La mission de Podemos est de combattre la droite, non de disputer au vieux parti socialiste une hégémonie à gauche. Cette lassitude explique en partie le renforcement relatif du PP de Rajoy, malgré les scandales qui l'éclaboussent.

 

 

Robert Falony

 

 

ps. L'issue du procès Luxleaks a confirmé cette évidence: on condamne ceux qui dénoncent la fraude fiscale, parce que la fraude fiscale est au pouvoir.

 

 

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7 juin 2016 2 07 /06 /juin /2016 11:18

 

 

La pensée libre face aux dogmatismes

 

 

Si l'on pense d'abord aux dogmes religieux, ils ne sont pas les seuls mais leur malfaisance est la plus évidente: c'est au nom d'Allah que la guerre sévit en Syrie, en Irak, au Yemen, en Afghanistan. Mais, derrière le badigeon de la religion qui fait bouger les masses, on ne décèle que des intérêts nationaux; et en dernière analyse des intérêts de classe possédante. La monstrueuse tyrannie de la famille Assad en Syrie (qui a détruit le pays) répond aux motivations des conservateurs iraniens et de leur mollah-cratie. Au moins la société iranienne offre-t-elle une promesse que l'on chercherait en vain en Arabie saoudite, royaume de l'obscurantisme religieux le plus opaque.

 

 

La gauche non vaccinée contre le dogmatisme

 

 

En voici deux variétés. Avec l'islamo-gauchisme, les athées et les agnostiques sont priés d'éprouver de l'empathie envers "la religion du colonisé", quitte à mettre entre parenthèses un principe aussi fondamental que l'égalité des hommes et des femmes. S'il s'agit d'empathie avec les couches socialement défavorisées issues de l'immigration, on passe en réalité sur le terrain social. Mais on ne favorise pas l'émancipation sociale en composant avec des préjugés tissés de conservatisme. La "tradition" peut être limitée au folklore...

 

Face à la scène internationale, la disparition du monde bipolaire n’a pas vraiment été assimilée par cette frange de la gauche pour laquelle il n'y a pas d'autre impérialisme que celui des Etats-Unis. La parfaite insertion de la Russie et de la Chine dans les lois du capitalisme mondialisé a échappé à certains esprits, qui projettent sur le présent l'imagerie d'un passé rêvé.

 

On évoque dans leur cas la parabole de Régis Debray sur ces gens tombés du train du communisme ancienne mode, et qui continuent désespérément à courir sur la voie dans l'espoir de le rattraper. Leur vision des évènements est purement manichéenne. (Le site qu'on réduira aux initiales M.C. en est le prototype).

 

 

Le dogme nationaliste est universel

 

 

Le hasard seul faisant la naissance, nous héritons d'une nationalité contraignante. L'ancien "sujet du roi" est devenu citoyen, mais son émancipation est relative! L'absence de "patriotisme" est imputée à délit ou à crime dans nombre de pays. Or, face à la mondialisation capitaliste, et face à cette "Europe" qui n'est pas l'Europe que l'on veut, mais celle du grand capital, des fraudeurs fiscaux, des cartels masqués, des multinationales se jouant des législations, la tendance populaire naturelle est le repli sur soi, sur la "nation souveraine". C'est le dogme nationaliste affiché par le Front national en France, et par toutes les extrême- droites. Mais il peut avoir des colorations de gauche (Ecosse, Catalogne) avec des vendeurs d'illusions indépendantistes. Toute question devant être examinée « d'un point de vue de classe », le droit national reste à défendre chaque fois qu'il s'identifie à une protection sociale. (Un exemple: la loi Major au port d'Anvers). Bien entendu, c'est se solidariser, contre "l'Europe", de la Grèce ou du Portugal.

 

Dans le monde entier, la logique de la puissance exacerbe les nationalismes. C'est la religion d'un Poutine, assistée par les graves erreurs commises à l'endroit de la Russie post -soviétique. C'est celle d'un Xi Jinping, empereur de Chine régnant sur un monde de corruption. C'est encore, derrière un rideau de bons sentiments affichés et de motivations généreuses, celle d'Hillary Clinton, incarnation de l'establishment aux Etats-Unis, où le "socialiste" Bernie Sanders a réussi à la talonner. C'est celle d'Erdogan, le nouveau sultan ottoman.

 

 

Robert Falony

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